dimanche 21 décembre 2008

Meeting the Swedes

Mais pourquoi diable à Stockholm?
C'est vrai, je vous aurai balancé que je partais m'installer à Berlin ou à San Francisco, pour n'importe quel membre de notre communauté, rien de plus logique. Mais pour la Suède, un besoin d'explication se fait lourdement sentir.

Alors voici toute l'histoire:

Lorsque j'étais présidente du MAG (Mouvement d'Affirmation des jeunes gais, lesbiennes bis et trans), j'ai reçu une invitation à candidater pour un séminaire intitulé Beyond Norms - On equality in Higher Education, Au-delà des normes, De l'égalité dans l'Enseignement supérieur, organisé par ANSO (association nordique d'étudiants LGBTQ) et financé par le Conseil de l'Europe (attention c'est pas la même chose que l'Union Européenne!).

Je tiens à m'arrêter quelques instants sur cette expérience. J'ai participé à d'autres séminaires depuis mais aucun n'atteignait une telle perfection d'organisation, de qualité des activités proposées, de défi intellectuel et militant. Sur 85 candidats nous étions 30 à avoir été sélectionné selon notre niveau d'anglais, nos motivations et notre potentiel rôle de disséminateur dans notre pays. J'étais la seule participante française pour ces raisons. J'y ai rencontré un adorable pédé italien, une chercheuse roumaine qui cachait à sa hiérarchie où elle était, un président d'asso de jeunes LGBT kosovar qui payait tout de sa poche, une militante féministe géorgienne, un sublime arménien qui parlait un français délicieux et qui avait participé aux UEEH (Universités d'été Euro-méditerranéennes des Homosexualités) l'an passé, etc etc...
C'est là, entre le 1er et le 4 ème étage du Centre Européen de la Jeunesse de Budapest, parmi cette trentaine de personnages tous uniques et avec qui je partage le souvenir de cette semaine incroyable hors du temps et du monde, que j'ai conversé pour la première fois avec Linda, Monika et Pär. Ceux ci étaient membres de ce qu'on appelle la "Prep Team", l'équipe d'organisation et de préparation de ce séminaire. Est-ce mon irrémédiable attirance pour le pouvoir qui commandait cette sensation que je devais impérieusement me rapprocher d'eux? Honnêtement pour Monika je pense que l'attirance physique a joué énormément, tout comme la présomption que nous avions des choses en commun étant donné, en apparence, la proximité de nos identités de genre. Elle était également en charge du premier projet trans d'ANSO et comme j'étais moi-même très engagée et informée sur les questions trans déjà à l'époque...
Pour Linda et Pär, ce fut plus évident car suite à leur conférence sur l'hétéronormativité et la pédagogie queer, ils m'avaient ensorcelé. Moi qui pensait queer depuis si longtemps toute seule dans mon coin je n'étais tout d'un coup plus seule et on me mettait entre les mains des outils pour le mettre en pratique. Pour une fois je n'étais pas celle qui expliquait qu'il y avait plus de deux genres à l'assemblée; j'étais extatique. Le soir, pendant les repas et dans les chambres, je partageais avec les autres mon état d'euphorie intellectuelle. Pour certains, notamment ceux qui venaient de pays où le climat est particulièrement hostile aux personnes LGBT, ce bouillonnement était mêlé à la sensation palpable, même pour moi, d'un soulagement tranquille. Un type qui venait d'Ukraine et qui ne parlait pas bien l'anglais me transmettait par ses yeux brillants je ne sais quelle sensation de bonheur grave, et en y réfléchissant je me doutais que jamais il ne s'était trouvé dans un espace aussi safe de sa vie; et cela devait durer une semaine.

Je n'eut pas à faire beaucoup d'effort pour me rapprocher de Linda et Pär avec qui j'eu d'emblée de très intéressantes conversations qui approfondissait les conférences. Linda était particulièrement proche de moi, elle aussi présidente de son association, SFQ, fédération nationale des étudiants LGBTQ suédois. Je réfléchissait déjà à cette époque à ma vocation de militante et au fait que d'être présidente d'une asso avait changé et surtout révélé beaucoup de choses en moi, des choses que je chérissais comme le fait d'avoir confiance en moi, d'être travailleuse, d'avoir des objectifs qui me dépassent et une vision qui les desserts.
Linda, elle était présidente de SFQ depuis 3 ans. Elle avait 32 ans et était payée à plein temps pour ce job. ... exactement ce que j'aurai voulu pour le MAG. Je ne suis pas une fervente du professionnalisme des assos. Mais je sais d'expérience que diriger le MAG me prenait un temps et une énergie considérable et a fini par me demander une disponibilité qui allait au final bien au delà des 35h par semaines. Et bien je pensais sincèrement que si j'avais fait le choix de bosser autant c'était avant tout parce que le salaire symbolique était très important, et que je n'avais vraiment besoin de salaire pécuniaire (merci papa) ; être présidente et bosser autant me faisait un tel bien! Néanmoins je voyais le boulot formidable qui était accompli par SFQ au travers du séminaire et je sais qu'une telle qualité se rapporte à une asso où certains membres s'y consacre à plein temps.
Tels sont les sujets que nous avions évoqué ensemble avec Linda, le soir sur la moquette des salles de conférences vides ou du balcon qui donnait sur le magnifique parlement hongrois illuminé. C'est en contemplant celui-ci que je décidais de visiter mes nouveaux amis à Stockholm pendant l'été à l'occasion de l'Europride quelques mois plus tard...
Linda et moi avons gardé le contact sur Facebook et cette semaine de l'Europride à Stockholm fut terrible. J'ai pu voir Linda et Monika, traîner avec elles plus que je ne l'aurais pensé. Je découvrais Stockholm et ses charmes, je visitais les bureaux de SFQ, je rencontrais d'autres membres de cette asso, notamment Camilla, désormais présidente de SFQ, et d'autres encore. Je poursuivais mes longues conversations avec Linda, tant et si bien que lorsqu'elle me serra contre elle pour me dire au revoir le dernier soir, je su ce qu'elle disait à voix haute: elle aussi allait me manquer.
C'est cet été là, en revenant, que l'idée de partir à Stockholm s'imposa.

Introduction

Dans environ 1 mois et demi je vais quitter Paris et aller m'installer à Stockholm, Suède. Pas si loin de la maison en réalité. Pas si loin de vous non plus. Mais je ne garderais pas un bout de moi à Paris. Je veux m'imerger complètement dans cette nouvelle culture et dans ma nouvelle vie là bas.
Voilà donc un blog pour vous donner de mes nouvelles, sur un plan personnel, sur le plan militant et sur le plan de ma réflexion politique toujours en germe.

" Swedish sins breaking borders"