mercredi 28 octobre 2009

Je te tolère, tu me tolères

Suite à mon article sur ce qu'est la Tolérance, je désire maintenant partager avec vous un outil simple et efficace pour arriver aux mêmes conclusions sans grandes théories.

Laissez moi vous présenter un exercice appelé "I tolerate you" ou "l'exercice de la Tolérance".

Qu'est-ce que j'entends par "exercice"? Une sorte de jeu, une activité à faire en groupe qui permet d'impliquer nos corps dans la réflexion, en particulier pour celui-ci par le moyen de la simulation.

Il faut quelqu'unE qui organise l'exercice et s'assure de son bon déroulement du début jusqu'à la fin et ça pourrait être vous!

voici l'exercice.

Exercice de la Tolérance:

L'exercice de la Tolérance est une simulation dans laquelle les participants font l'expérience à la fois d'être tolérés et de tolérer. Cet exercice a pour but de faire réfléchir les participants sur la tolérance et d'étudier le pouvoir et l'influence de celles et ceux qui rentrent dans la norme.

1ère partie.

Demandez au groupe de se promener dans la pièce ou l'espace donné et de s'arrêter à chaque personne qu'iels rencontrent. Lorsqu'iels rencontrent une autre personne ceux ci sont invités à faire un commentaire sur l'apparence de cette personne. ATTENTION: ce commentaire doit être NEUTRE.
Par exemple il y a une énorme différence entre: "Je vois que tu as un T-shirt blanc" et "Ton Tshirt a une couleur atroce". Vous notez la différence n'est-ce pas?
La personne qui reçoit le commentaire doit dire "MERCI" puis continuer son chemin.

Pour expliquer l'exercice au groupe il peut être bien de montrer l'exemple ci dessus avec une personne que vous auriez briefé avant.

Donnez 5 min environ au groupe pour faire ça (ça dépend de la taille du groupe).

2ème partie

Demandez au groupe de faire la même chose, se promener dans l'espace et s'arrêter quand iels rencontrent quelqu'un et de commentez l'apparence de cette personne, cette fois en précisant qu'iels le tolère.
Par exemple: "Je vois que tu as un T shirt blanc et je le tolère." ou "et ça ne me dérange pas", "ça ne me gêne pas".
La personne en face doit répondre "MERCI".
Encore une fois montrez l'exemple avec un complice.

3 ème partie.

Faîtes des groupes de 3. Dans chaque groupe 2 participantEs commentent l'apparence de la troisième personne en précisant qu'iels tolèrent celle-ci.
Par exemple: "Je vois que tu as un jean bleu, mais tu sais je n'ai rien contre" et la deuxième personne dirait "oui j'ai des tas d'amis qui ont des jeans bleus, même si moi-même je n'en porterais pas".

Montrez l'exemple avec deux complices.

(Je pense que c'est très important de montrer un exemple avant chaque partie de l'exercice.)

4 ème partie.

Après un tel exercice, il est capital de faire un débriefing. Faîtes asseoir le groupe en cercle, parlez et bougez lentement, de manière à créer une atmosphère de calme dans laquelle chacunE peut se sentir en sécurité pour s'exprimer. Asseyez vous aussi.

1)Commencez par remerciez le groupe d'avoir participé à l'exercice. Un exercice ne peut bien se passer si les participantEs ont la volonté de jouer le jeu et que ça se passe bien.

2) Demandez au groupe de prendre quelques minutes de réflexion et ensuite invitez les participantEs à exprimer les émotions et pensées qui leur viennent par rapport à l'exercice.
Cette discussion peut prendre très vite la forme d'un débat, soyez vigilant et posez vous en position de modérateur/rice. Il s'agit de faire en sorte que les participantEs ne se coupent pas la parole, restent respectueux des opinions différentes et expriment leur vues de façon constructive avec le reste du groupe.

4) Demandez leur ce que ça leur a fait d'être toléré? de tolérer?

5) Réflexion sur la société. Qui est toléré dans notre société? qui tolère?

6) Pour théoriser un peu vous pouvez leur demander quels sont selon eux les avantages et les inconvénients de la tolérance. Diviser une feuille en deux et lister les avantages et les inconvénients. Quelle colonne comptabilise le plus de commentaires?

Voilà bonne chance. Cet exercice a tout à fait vocation à avoir lieu dans votre asso mais aussi pendant une intervention dans une classe. La tolérance est un concept (malheureusement?) très bien connu/répandu et vous frapperez toujours dans le mile.

mardi 6 octobre 2009

Qu'est-ce que la tolérance?

Je suis malade d’entendre les militantEs LGBT de tous bords et de partout dans le monde clamer que nous voulons plus de tolérance. Ca fait encore plus mal que d’entendre les politicienEs appeler à la tolérance. Qu’eux ne comprennent pas ce qu’iels font, je peux comprendre. Qu’est ce
qu’on sait de la tolérance quand on est un homme blanc hétérosexuel chrétien et pas handicapé ?

Voici ce que je pense de la Tolérance : la tolérance c’est de la merde.

Maintenant que ma colère est sortie je vais expliquer plus en profondeur ce qu’est la tolérance.

Etymologie : Tolérer vient de tolerare qui signifie supporter, endurer. Si c’est ça le but ultime de votre combat militant, que les gens normaux (qui rentrent dans la norme mâle, blanche, hétérosexuelle et pas handicapée) parviennent à nous endurer ; pas franchement enthousiasmant. Je ne comprends pas comment ce mot peut motiver les foules.

Définition d’un dico :

Tolérance : respect des opinions et de la liberté d'autrui, respect des différences

Oui c’est ça. Blablabla. Désolée mais moi je ne respecte pas toutes les opinions vu que je n'ai aucun respect pour l'homophobie, la transphobie, le racisme etc, je ne respecte pas la liberté de certainEs à m'oppresser.

Qu’est ce que la tolérance donc, je vais vous le dire moi, la tolérance c’est une relation de pouvoir inégalitaire.

Est-ce que cela a du sens que les pédales tolèrent les hétérosexuelLEs ? Non. Réfléchissez bien ! qui « tolère » dans nos sociétés ? Les gens normaux, comme je l’ai dis plus haut ! Est-ce qu’on nous demande notre avis à nous ? NON. Certaines personnes dans cette société tolèrent et d’autres sont tolérées. Tolérer les autres c’est un PRIVILEGE, qu’on se le dise. Or quand je tolère quelqu’un je ne fait rien d’autre que jeter à la figure de cette personne à quelle point je suis privilégiéE. Je lui rappelle que comme j’ai ce privilège, je suis supérieurE, iel est inférieurE.

Votre vie, vos choix, votre existence en tant que gouines pédés bis ou trans ne devrait pas être sujet à l’opinion des autres ! Vous existez, point barre, maintenant c’est aux autres de s’y faire.

Dans le même registre, rien ne m’énerve plus que les genTEs qui disent que les homos ne sont pas différentEs, "ce sont des gens normaux", pensant dire un truc bien. Mais en y réfléchissant, dire de quelque chose ou de quelqu'unE que c’est « normal » c'est-à-dire « que ça correspond à
la norme », que ça n’es pas « différent », c’est un privilège. Qui êtes vous pour me dire que je suis normalE ? Si vous n’étiez pas dans une position privilégiée, vous ne le diriez pas. Je hais quand les gens me rassurent sur le fait que je suis normalE. Je ne le suis pas et vos coups, vos lois, votre
silence, votre ignorance, mon invisibilité me le rappelle tous les jours. En venant me dire que je suis normalE, vous ne faîtes qu’invisibiliser ma différence, comme si j’étais pas assez invisible comme ça. Vous ne faîtes que me rappeler à quel point je suis anormale, pousséE dans une une
position de toléréE, d’inférieurE.

Arrêtez pitié d’essayer de me rassurer. Je ne suis pas normalE, je ne correspond pas à la norme sur tellement de plans. Je le sais. J’en suis contente. C’est ma richesse, mon identité, ce qui fait que je suis là pour changer le monde.

mercredi 16 septembre 2009

SVE en Suède

Salut,

Mon SVE a beau se terminer dans 5 mois, SFQ cherche déjà de nouveaux volontaires qui pourraient commencer pendant le premier semestre 2010.

Si ça vous intéresse de bosser à la fédération des étudiants LGBTQ suédois, envoyer un mail à evs@hbtqstudenterna.se/.

Je vous le conseille,

Bises

mercredi 9 septembre 2009

SVE en Lithuanie

A touTEs ceux qui lisent ce blog en rêvant d'un SVE dans une association LGBT, sachez que c'est rare mais possible!

Une petite annonce: l'association LGL, Lithuanian Gay League cherche unE volontaire à Vilnius.

Pour en savoir plus sur l'association: ici

n'hésitez pas à me contacter ou à les contacter directement.

Bonne chance!

vendredi 10 juillet 2009

Ouverture

Coup de gueule contre l'Agence Nationale Française

J'ai déposé, le premier juin dernier, une demande de subvention pour un projet d'échange de jeunes auprès de l'INJEP, Institut National de la Jeunesse et de l'Education Populaire.
L'INJEP est l'agence nationale du programme Jeunesse en action en France.
Il s'agit d'un projet européen, basé sur un partenariat entre Etudions Gayment, association d'étudiants LGBTQ de Nanterre et SFQ, fédération suédoise des étudiants LGBTQ. Le projet est très clairement militant, très clairement queer et il s'intitule "Hétéronormativité et prévention - Agir localement".

Sans surprise, toutes les agences nationales font de même, le délégué régional Ile de France du programme Jeunesse en Action me demande des "compléments d'information" par rapport au projet.

Première question: "nous nous inquiétons de l'ouverture de votre projet".

Ouverture? Quel curieuse inquiétude! C'est la société qui doit être ouverte, pas nous!

Curieusement ça me rappelle ce que mon père dit toujours à propos de mon engagement militant: "Tu devrais t'ouvrir à d'autres sujets". Il est très inquiet à l'idée que je "m'enferme dans le militantisme homo".

Ca n'en a peut-être pas l'air à première vue, mais ces inquiétudes reflètent une hétéronormativité et une homophobie indéniable. A mon père, je demande si, honnêtement, il me dirait la même chose si je travaillais dans une association pour les droits des personnes handicapées. Mon père n'est pas de mauvaise foi, il me répond honnêtement que non. Cette peur que je "m'enferme", c'est typiquement l'hypothèse d'un "communautarisme homo", cette idée que les personnes LGBTQ ne veulent que rester entre elles, former une communauté à part et se séparer de la société (comme si c'était vraiment possible!). Un fantasme homophobe de plus qui est très courant chez les intellos et politiciens qui n'ont "rien contre notre mode de vie" (pas comme ces crétins de religieux ou ces ignorants des campagnes hein) mais émettent des inquiétudes voire desaprouvent notre désir soi disant "sectaire" de vivre en sécurité et d'être nous-même. Et ceci n'arrive qu'une fois par semaine, ou une fois par an pour la plupart d'entre nous. Mais c'est toujours trop pour ceux qui nous gouvernent. Aucun d'entre eux ne se dit que peut-être le problème vient surtout de la société et de ses normes, pas de nous. Non! Non seulement on se fait tabasser et traiter de façon différente et inférieure tous les jours mais en plus il faut qu'on soit "ouvertEs"! Plus ouvertEs à leurs discriminations, plus ouvertEs à leur ignorance, plus ouvertEs à leurs insultes, plus ouvertEs à leurs coups. Quelle bonne idée.

Ce fantasme du "communautarisme sectaire des homos" est répandu partout dans le monde. Mais je trouve qu'il a une particularité française. La France est une "république une et indivisible". Cela ne veut pas dire que tous les politiciens ont peur du communautarisme, cela signifie que tous les politiciens sont totalement CONTRE les communautés. Contre l'idée même de communauté. En France, à force de vouloir à tout prix éviter le multiculturalisme à l'américaine, on a décidé de nier totalement l'existence des communautés qui forment notre société. On ne prononce même pas le mot, c'est tabou. Sauf pour dénoncer le communatarisme de l'une d'entre elle. Il y a même, je dirais, une totale confusion entre le mot communauté et le mot communautarisme. C'est blanc bonnet et bonnet blanc. Et ça n'est pas seulement un truc de politicien. C'est la culture politique française dominante dans son ensemble qui ferme les yeux par peur de faire comme les AméricainEs. Désespérant.


AgacéE par cette homophobie latente et très française dont fait preuve l'Agence nationale de mon pays (alors que l'Agence nationale suédoise n'aurait jamais demandé ce genre de compléments!), j'ai décidé d'écrire une réponse pédagogue mais ferme.

Que je vous offre le plaisir de lire ci dessous:




En ce qui concerne l’ouverture du sujet, nous aimerions souligner à quel point les questions de genre et d’orientation sexuelle sont transversales. Tout un chacun dans cette société, qu’il le choisisse ou pas, doit se définir une identité de genre et les normes qui accompagne les concepts d’homme et de femme, de masculin et de féminin, sont vecteurs d’oppression pour tous les jeunes, LGBTQ ou non. De plus, tout le monde a une orientation sexuelle, homo, bi ou hétérosexuelle. Les jeunes de tous contextes sont particulièrement en prise à ces questionnements à l’âge où il leur est demandé de devenir des hommes et des femmes, avec tout ce que cela implique en matière de comportements admis ou non, de ce que l’on doit taire, de ce qu’on attend d' eux/elles en matière d’expression, de sexualité, de choix de vie… et de l’inégalité qui s’installe. SFQ et EG sont deux associations féministes et qui s’engage tous les jours à lutter contre l’inégalité homme-femme et les normes du genre. Cette dimension sera présente dans toute la mise en pratique de nos activités. Nous pensons également que la lutte pour la reconnaissance des personnes qui ne se reconnaissent ni homme ni femme doit être visibilisée.

Voyez les différences culturelles, il a aussi fallut que j'explique à l'Agence nationale ce que signifie "queer". En Suède beaucoup de militants s'en sont chargé avant moi. En France nous sommes des pionnierEs!

jeudi 18 juin 2009

Les hétéro-privilèges

Je suis à l'aéroport de Berlin, super en retard, en train de rater mon avion, comme d'habitude. Aux contrôles de sécurité, un grand type essaye de me passer devant. Je lui lance un regard furibond et lui lance, en anglais, "Vous savez, moi aussi je suis presséE!".
Il prend un regard de chien battu et me répond en marmonnant. La seule chose que je comprends c'est "ma femme m'attend là bas", il me montre l'espace au delà de l'aire de contrôle.

"Ma femme m'attend".
Je lui répond, en posant lourdement mon bagage devant le sien sur le tapis roulant, "Vous savez quoi? Je n'ai pas de femme, mais ça ne change pas le fait que je suis devant vous", et je trace.

Etre mariéE et être hétérosexuelLE vous donne une position privilégiée dans cette société. En droit. Mais cela influe aussi sur la façon dont vous vous comportez. Ce type croit dur comme fer que parce qu'il a une femme, donc parce qu'il est hétérosexuel et marié, je vais le laisser passer devant moi, me sacrifiant, moi et mes impératifs, pour que la belle famille hétérosexuelle soit à nouveau réunie car c'est bien connu, privé de leur moitié masculine, les femmes ne peuvent rien.

Le pire, c'est que le type était surpris. Surpris que je lui annonce que je n'avait pas de femme. Car évidemment les femmes n'ont pas femmes, ça ébranle ses conceptions, le "bon sens" hétéronormé lui dicte qu'il n'y a que les hommes qui ont des femmes. Parce qu'il n'y a que les hétéroTEs qui ont le droit de se marier (dans la plupart des pays). Il était sans doute surpris aussi que son argument n'ai aucune valeur à mes yeux, que je ne le comprenne même pas.

Voilà comment l'hétéronorme affecte notre vie de tous les jours. C'est déjà pas assez chiant d'être en train de rater son avion. Non il faut aussi apparemment céder la priorité aux hétéroTEs. Vous pouvez donc d'hors et déjà prévoir d'arriver une ou deux heures plus tôt à l'aéroport que d'habitude.

Si vous doutez encore que les hétéroTEs sont privilégiés, rappelez vous la dernière fois que vous avez essayé de poser des vacances à votre boulot. Dans un pays où nous les pédales, gouines et trans n'avont ni le droit de nous marrier ni le droit de fonder des familles reconnues comme telles (je parle de la France là), vous serrez les dernierEs à pouvoir choisir vos dates de vacances. Pas parce que les gens qui ont des enfants passent avant. Parce que les hétéroTEs passent avant.

Cependant je me vois forcéE de nuancer mon discours maintenant que j'ai une perspective internationale. En Suède et en Norvège, l'adoption et le mariage sont autorisés pour les couples de même sexe.

J'ai une collègue et amie norvégienne et qui est mariée à sa compagne. Quand on vient d'un pays où le mariage entre partenaires de même sexe n'est pas autorisé, ça fait bizarre, je vous l'avoue. On le sait bien pourtant, que ça existe, que c'est possible, mais quand c'est votre réalité proche, ça choque au début. Et pourtant, l'hétéronorme est toujours là. Elle m'a raconté le nombre de fois où les gens ont pensé que, comme elles avaient le même nom de famille, elles étaient soeurs ou cousines.
"Est-ce que vous et votre soeur désirez une chambre avec douche et lits séparés?
_Non moi et MA FEMME nous désirons une chambre avec baignoire et lit double, merci."

Moralité, ça n'est parce que la loi dit que vous avez les mêmes droits que vous cesserez d'être considérés commes des anormaux.

jeudi 4 juin 2009

Baltic Pride

J'arrive à Riga, capitale de la Lettonie jeudi 14 mai en soirée. La fatigue est immense. Je me crash dans une auberge de jeunesse que je vous recommande chaudement, située dans la vieille
ville, vraiment pas chère et bien, Funny Franks Hostel.

C'est lorsque j'arrive je réalise la situation précaire de la marche.

Mercredi 13 mai, une majorité des membres du conseil municipal de Riga avait signé une lettre ouverte au directeur du conseil, lui demandant d'annuler l'autorisation de la Marche au motif que cet événement était indécent (!) et constituait une menace à la sécurité publique.

Les conseillers municipaux signataires de cette lettre ont indiqué que si le directeur du conseil n'avait pas annulé la décision d'autoriser la Baltic Pride d'ici jeudi 14 mai à 16 heures, ils chercheraient à en obtenir l'annulation par vote du conseil municipal. Et le jeudi 14 mai, le conseil municipal de Riga révoque donc l’autorisation de la Marche.

Je me réveille de mauvaise humeur vendredi 15 mai. Je marche dans le centre ville à la recherche d'un endroit où acheter une brosse à dent. Un nuage plane au dessus de moi. Sans raison précise, je flippe, je me rends compte à quel point je suis visible en tant que genderqueer, je marche les épaules courbées et la casquette enfoncée sur le crâne. Je réalise que quand les lois et les institutions sont officiellement contre nous, cela change complètement notre être au monde.

Je me demande ce qui va se passer si la marche est définitvement interdite. Marcherons nous quand même? à quel prix? Je n'ai aucune idée de ce que l'on peut faire dans ce genre de situation. Je n'ai jamais été à une manifestation illégale, encore moins dans un pays balte.

Les organisateurs (l’organisation lettonne Mozaika, la Ligue gay lituanienne et la Jeunesse gay estonienne) ont fait une requête en injonction auprès de la justice et se sont vu accorder une audience le 15 mai à 10 heures au tribunal municipal de Riga, qui a ensuite annulé la décision d'interdire la Marche.

Le vendredi 15 mai, à midi, je suis de retour à l'hôtel et je découvre sur mon ordinateur en direct la bonne nouvelle. Lorsque je refais une sortie dans les rues de la capitale pour trouver de quoi déjeuner, je marche déjà la tête plus haute, je me sens plus en sécurité.

Le centre ville de Riga est assez joli et comme tout y est moins cher qu'en Suède, je me fais plaisir. Il y a une soirée le vendredi soir pour la pride où je retrouve des amis militants de Hollande et de Belgique. Une Lettone à côté de moi me demande si je vais à la pride le lendemain. Je réponds que oui, je suis là pour ça. Je lui retourne la question. "Non, me dit-t-elle. L'an dernier, ils ont jetés des pierres sur les manifestants, je n'ai pas envie d'y aller."

Le lendemain, samedi 16, jour de la pride, je me réveille tôt pour assister au briefing de sécurité organisé par Mozaika. Impossible de trouver l'endroit, personne ne parle anglais, j'ai mal au pieds à force de tourner en rond alors je fini par m'offrir un énorme petit déjeuner pour me réconforter.

Puis c'est l'heure. Je me dirige vers le lieu dit. Je ne comprends pas bien où est le rassemblement au premier abord. Je passe près d'une petite foule de rassemblée autour d'un drapeau Letton. Je me dit qu'il faut vite que je trouve le lieu de la pride sinon je vais me retrouver embarquée dans la manifestation anti-pride.

Des barrières et un nombre incroyable de policiers gardent l'entrée d'un parc. Je m'y dirige. La plupart des personnes passant les barrières montrent aux policiers un pass avec le logo de la Baltic pride dessus. Evidemment je n'ai pas ce pass mais ils me laissent entrer dans le parc.

A l'intérieur les militants sont rassemblés, affairés à déplier banderoles et drapeaux arc en ciel. Au milieu du parc, une grande scène et des sièges. C'est l'occasion pour moi de saluer quelques camarades français que je n'ai pas vu depuis un moment, ils sont venus soutenir la pride et assister à une réunion du conseil d'administration de l'ILGA- Europe (Association internationale LGBTI).

Une militant de RFSL (lobby LGBT national suédois) me saute dessus, elle m'a enfin trouvée, comme j'ai tué mon téléphone suédois juste avant le départ, elle n'a pas pu me joindre et elle était morte d'inquiétude. Bon, un coin d'arc en ciel dans la main, je me positionne avec RFSL et bombe le torse pour rendre visible le logo de SFQ que j'ai collé au fer à repasser sur mon t shirt en début de semaine au bureau.



Tout d'un coup un grand bruit interromp les préparatifs à 13h tapantes. A travers les barrières du parc on voit la manifestion anti pride debuter. Ils marchent derrière un immense drapeau letton et tiennent de charmants panneaux " Homosexualité = péché" "Homosexualité= SIDA" et d'autres en letton impossible à traduire.

Sur environ 200 personnes, plus de la moitié des personnes présentes pour la pride étaient des non-baltes. D'où les "go back (rentrez chez vous)!" scandés par la manif anti pride. Un certain nombre d'entre nous se dirige vers les barrière pour voir de plus près les manifestants anti-pride. Des familles, des gens normaux, pas de skinheads. Au premier rang je remarque un grand type avec des dreadlocks blondes. Un jeune qui a l'air cool, à qui j'aurais parlé dans un bar ou dans la rue. Et là il me brandit sous le nez son panneau homophobe, comme quoi il faut se méfier quand même;

La marche peut commencer. Nous sortons du parc pour arriver dans la rue qui borde le parc. Elle est fermée par des barrières et des policiers. Des gens dans un restaurant nous regardent amusés. on avance à petits pas. Au moment de tourner dans la seconde rue deux personnes se détachent de la pride. Deux femmes habillées de robes noires et marchant pieds nus. L'une d'elle a une énorme croix chrétienne qui lui pend au coup, elle est livide et ressemble à un fantôme. Elle s'allonge à même le sol pendant que l'autre, à genou se met en position de prière. J'écarquille les yeux comme des coupelles devant ce spectacle que je ne comprends pas bien. Des anti-pride religieux se sont donc infiltré. Je les avais vu passer devant moi au moment de passer les barrières devant le parc. C'ets vrai que leurs tenues m'avaient interloqué. La sécurité de la pride affiche un sourire cynique et nous intime d'avancer, autant ne pas leur donner trop d'attention. Elles sont mitraillées par tous les photographes de presse et amateurs.

Deuxième rue bordant le parc, plus courte puis nous rentrons tranquillement le sourire aux lèvres dans le parc. La marche est finie, les discours se succèdent sur la scène, les responsables des associations baltes qui organisent la Pride mais aussi des responsables d'Amnesty International sans qui la pride ne serait pas possible, une pasteure lesbienne hollandaise et un membre du parlement hollandais également, ainsi qu'un politicien letton et une personne du bureau letton de l'égalité qui n'était venue qu'en son nom.

On se regarde tous un peu sonnés que ça soit déjà fini. Lorsque les discours se terminent , un concert commence. C'est juste à ce moment que moi et Virga nous devons filer pour prendre le bus de 16h pour Vilnius, capitale de la Lituanie. Bon alors on se faufile entre les barrières, la plupart des anti pride sont rentrés chez eux, heureusement. Dans les rues du centre ville, on croise une militante No Pride, reconnaissable par son t shirt blanc représentant un homme sodomisant un autre, barrés de rouge. Elle passe à 4 centimètres de moi. Je prends une grande inspiration avant de monter dans le bus.

Bizarement en route vers un pays où la situation est bien pire, je suis plus légère ,une fois dans le bus. Le vrai risque que les manifestants de la pride encourent se situe après la pride, alors qu'ils/elles se sont visibilisé et qu'elles se promèenent dans les rues de la ville. Se sauver avant la fin est en fait la meilleure stratégie. Mais il n'y a eu aucn incident à Riga à la suite de la pride.

Par contre le même jour il y a eu une manif interdite pour les droits des gays à Moscou et un officiel allemand s'est fait cassé la gueule. Première nouvelle que j'apprend en arrivant à Vilnius. Entre 25 et 80 militants y ont été arrêtés alors qu'ils manifestaient contre les discriminations à l'égard des personnes LGBT. La police anti-émeutes a chargé et plusieurs personnes ont été appréhendées.

Vilnius est donc la capitale de la Lituanie. La ville n'a absolument rien à voir avec Riga dans son paysage. A Vilnius il y a une association qui essaye depuis des années d'organiser une pride, LGL. Interdite chaque année. Même pour un rassemblement (pas une marche) dans un espace publique mais clos (pas dans la rue), on leur a dit NON.

Le lendemain Dimanche 17, jour de l'IDAHO je buvais un café en terrasse dans le centre de Vilnius (la nuit avait été longue, concert de la Ladyfest, festival féministe) et mes pensées vont vers Augustas, mon collègue lituanien manifeste avec SFQ devant l'amabassade de Lituanie à Stockholm pour protester contre un projet de loi discuté au parlment lituanien. Cette loi interdit toute représentation positive des relations homo , bisexuelles et poly amoureuse.


Mardi dernier (2 juin) cette loi a été votée au parlement lituanien. Seulement deux personnes présentes ont voté contre. La situation est extrêmement inquiétante. Parlez en autour de vous, dans vos assos. L'Europe ne peut pas tolérer que l'un de ses membres ignorent nos droits et travaille à notre invisibilité.


mardi 28 avril 2009

Les échanges de jeunes - le meilleur moyen de rencontrer d'autres jeunes militants LGBTQ

Une solidarité queer internationale doit émerger bientôt, au moins en Europe, entre les jeunes. Comment faire pour échanger des idées, débattre, apprendre de nouveaux outils pour militer, monter des projets ensemble? Il n'est pas vraiment possible de faire cela sans se rencontrer. Alors comment se rencontrer?

Le programme Jeunesse de la Commission Européenne, Jeunesse en Action (Youth in Action), dans lequel le Service Volontaire Européen est inclus offre de très nombreuses possibilités pour les jeunes (13-30ans) LGBTQ d'Europe (le programme inclus beaucoup de pays qui ne sont pas dans l'Union Européenne comme les pays balkaniques, la Russie et même la Turquie, la Géorgie etc), militants ou non, de se rencontrer et d'échanger sur les sujets qui nous concernent.

Exemple: les Echanges de Jeunes, le meilleur moyen de rencontrer d'autres jeunes militants LGBTQ.

Voici ce que le guide du programme Jeunesse en Action dit sur les échanges de jeunes:


"Action 1.1 – Echanges de jeunes

Objectifs:

Un Echange de jeunes permet à un ou plusieurs groupes de jeunes d'accueillir un groupe ou d’être accueilli(s) par un groupe d’un autre pays afin de participer ensemble à un programme d’activités communes. Ces activités requièrent la participation active des jeunes et sont conçues pour leur permettre de découvrir et de prendre conscience des réalités sociales et culturelles différentes, d'apprendre les uns des autres et de se sentir citoyens européens.

Qu’est-ce qu’on entend par « Echanges de jeunes »?

Un Echange de jeunes est un projet qui rassemble des groupes de jeunes de deux pays ou plus :
ils peuvent discuter de sujets variés et les confronter, tout en apprenant sur les pays et cultures respectives. Un Echange de jeunes est basé sur un partenariat transnational entre deux ou plusieurs porteurs de projets.

Selon le nombre de pays impliqués, un Echange de jeunes peut être bilatéral, trilatéral ou multilatéral. Un échange bilatéral de groupes se justifie notamment, s'il s'agit d'une première activité au niveau européen, ou si les participants sont des groupes locaux ou de petite taille n'ayant aucune expérience au niveau européen.
Un Echange de jeunes peut être itinérant, ce qui implique que tous les participants se déplacent au même moment, à travers un ou plusieurs des pays participant à l’Echange.

Un projet d’Echange de jeunes comprend trois phases :
 la planification et la préparation
 la mise en oeuvre de l’activité
 l’évaluation (incluant une réflexion sur un suivi éventuel).

Les principes et pratiques d’éducation non formelle doivent être mis en application tout au long du projet.

Ce que n'est pas un Echange de jeunes


Les activités suivantes en particulier ne PEUVENT PAS bénéficier de subventions dans le cadre d'Echanges de
jeunes:
les voyages d'études universitaires;
les activités d’échange ayant un but lucratif;
les activités d’échange s’apparentant à du tourisme;
les festivals;
les voyages d’agrément;
les cours de langues;
les tournées de spectacles;
les échanges scolaires;
les compétitions sportives;
les réunions statutaires d’organisations;
les réunions politiques;
les chantiers;"

Vous l'aurez compris il s'agit de faire partir un groupe de jeunes dans un autre pays où yels rencontreront un autre groupe de jeunes et d'organiser des activités d'éducation non-formelle (qui implique les jeunes dans la réflexion et requérant leur participation active).


Comment payer les frais de déplacement des jeunes, leur logement, leur nourriture et l'organisation des activités pendant le temps de l'échange? En déposant une demande de subvention auprès de l'agence nationale du programme jeunesse en action de votre pays! (La France étant un pays programme, elle a une agence nationale et également, particularité française, des délégués régionaux du programme Jeunesse en Action).

Pour les échanges de jeunes le programme prévoit un maximum de 30 000 euros! de quoi réaliser un échange de grande qualité.

Attention pour les échanges bilatéraux (entre deux associations et deux pays seulement) il
faut déposer son projet dans les deux pays. Et pour les échanges trilatéraux ou multilatéraux on dépose un seul projet dans le pays qui accueille l'échange. Je précise que quelques participants de l'échange peuvent avoir plus de 25) ans, mais seulement quelque uns (pas plus de 10% des participants).

Si vous décidez d'organiser un échange, dans votre pays ou dans un autre, vous êtes alors un "porteur de projet".

Voyons ce que le guide dit sur les porteurs de projets:

"Les porteurs de projets éligibles:

Chaque porteur de projet doit être:
une organisation à but non lucratif/non gouvernementale; ou
un organisme public régional ou local ; ou
un groupe informel de jeunes (rappel: dans le cas d’un groupe informel de jeunes, un des membres du groupe assume le rôle de représentant et prend la responsabilité au nom du groupe); ou
un organisme actif dans le secteur jeunesse au niveau européen.

Chaque porteur de projet doit être d’un pays programme. (les pays programme)


Le rôle des porteurs de projets

Le porteur de projet qui envoie un groupe de participants dans un autre pays est appelé organisation d’envoi (OE). Le porteur de projet qui accueille l’Echange de jeunes dans son pays est appelé organisation d’accueil (OA)."

Consulter la page ici pour toutes les infos en français sur votre démarche et ici pour lire le guide du programme Jeunesse en Action en français.

Je serais ravie de répondre à toutes vos questions, d'entendre vos idées, de développer des projets avec vous alors n'hésitez pas à poser vos questions en commentaires et je vous contacterais.


à ce lien vous trouverez un guide pour les animateurs jeunesse qui désirent organiser
un Echange de jeune et comment gérer les partenariats transnationaux et vous pouvez également participer à une formation au programme Jeunesse en Action (voyez ici).

N'hésitez pas également à contacter votre Agence nationale. voici les coordonnées des agences.

Je travaille actuellement à un projet d'échange de jeunes entre SFQ et Etudions Gayment qui
aura lieu, si nous obtenons les financements, à l'automne. Ceci est le premier projet européen que je vais rédiger et organiser. Beaucoup de stress mais aussi un nouveau monde qui s'ouvre à nous.

lundi 27 avril 2009

MINGLE - espace pour les étudiants queer internationaux

Une autre partie très intéressante de mon projet consiste à organiser des activités pour les étudiants étrangers LGBTQ qui étudient à Stockholm.

Les étudiants LGBTQ internationaux peuvent être discriminés sur la base de leur orientation sexuelle, leur identité et expression de genre, du fait qu'ils sont jeunes et enfin du fait d'être étrangers. Il était donc particulièrement important aux yeux de SFQ de s'adresser à eux/elles.

Un des sujets sensibles concernant les étudiants LGBTQ étrangers (en échange universitaire par exemple) est l'homophobie / la transphobie. En effet certains viennent de pays où l'homosexualité est encore criminalisée / où leur transidentité est impossible à vivre, où l'environnement est très hostile à leur identité / sexualité, où ils ont pu subir une homophobie / transphobie d'une violence intolérable. Bien qu'il y ai de fortes chances pour qu'ils se sentent relativement plus safe en Suède, qui est un pays assez évolué, au niveau les lois et des politiques sociales en ce qui concerne les personnes LGBT, beaucoup d'entre eux ne peuvent pas être qui ils/elles sont dans leurs résidences étudiantes, ont peur d'être complètement ouverts par rapport à leur identité/orientation sexuelle vis à vis des étudiants (principalement étrangers également) avec qui ils partagent leur couloir.
Ainsi il est extrêmement important de leur proposer un espace safe en dehors de l'univers étudiant. Bien que les activités proposées seront plutôt orientées sur l'idée de partager des moments ensemble et d'apprendre à se connaître, nous seront à l'écoute si l'unE d'entre eux désire partager un moment difficile avec nous, s'ouvrir et être écoutéE. J'ai personnellement développé ce type de compétences en travaillant comme bénévole accueillantE au MAG.

Arriver dans un pays, un environnement social et étudiant complètement différent est souvent une expérience pleine de défis voire difficile. Les étudiants internatioanux n'ont ni repères ni réseau social / amiEs dans leur nouvel environnement. Ce qui peut représenter une difficulté supplémentaire pour les étudiants LGBTQ. Il se peut qu'ils ne trouvent pas d'emblée des espaces safe pour leur identité / orientation sexuelle, de nouveaux amiEs ouverts et qu'ils ne se sentent pas d'être complètement ouverts à propos de ce qu'ils sont avec leurs nouveaux camarades. De plus il se peut qu'ils soient encore eux-même en prise à leur propre homophobie / transphobie interiorisée et peuvent donc avoir besoin de modèles de représentation pour s'approprier et assumer leur identité / orientation sexuelle dans ce nouvel environement.

Bien sûr il y a des associations LGBTQ locales dans les universités de Stockholm où ils peuvent aller pour rompre leur isolement. Le problèmes c'est que les informations les concernant et les activités qu'elles organisent sont en suédois. De plus ces associations ne sont pas toujours inclusives pour les étudiants étrangers, ni péparées à gérer une situation inter-culturelle.
SFQ, par son engagement et travail au niveau international et son expérience d'accueil de volontaires SVE (à mon bureau nous sommes 5 et il n'y a qu'une seule personne de nationalité suédoise et qui parle suédois), voulait s'addresser à ces étudiants, qui parfois ne sont de passage en Suède que pour un semestre et qui doivent en tirer le meilleur parti.

Après avoir bien cogité et fait notre petite enquête sur la vie étudiante de Stockholm, Augustas et moi avons commencé. Ca s'appelle MINGLE - Space for International Queer Students et si vous étudiez à Stockholm il vous serait difficile de passer à côté de nos affiches que nous (enfin Caro et Yohan, des étudiants français qui n'ont pas hésité à nous aider) avons collés dans les universités et les résidences étudiantes de Stockholm.

Le premier MINGLE s'est très passé. Environ une vingtaine de personnes sont venues. Nous voulions organiser ce qu'on appelle des "Ice-breaking activities", c'est à dire des activités pour briser la glace, des jeux pour faire en sorte qu'au bout de deux heures les particpants se soient mélangé, ai parlé à des personnes qu'ils/elles ne connaissaient pas et ai fait de nouvelles rencontres.

Briser la glace:

Se présenter:

Une fois qu'ils/elles on été suffisamment nombreuses, nous avons formé un cercle. Je tenais une balle de tennis dans ma main. J'ai dit mon prénom et un truc de sympa qui m'était arrivé récemment et je l'ai lancé à quelqu'un d'autre qui a fait de même.

Mémoriser les prénoms:

Quand la balle est revenue à moi, on est passé à un autre jeu. L'idée était que je devais lancer la balle à la même personne à qui je l'avait lancé au premier tour, en disant mon prénom et le sien. C'est l'occasion de redemander les prénoms, dans un contexte social normal on peut être parfois très embarassé de redemander le prénom de la personne alors qu'on a déjà entamé une conversation. La balle peut soit suivre le même chemin que lors du premier tour, soit un chemin différent.
Je recommande un troisième tour au minimum, soit avec le même chemin mais à l'envers, ce qui permet de mémoriser au moins deux prénoms, soit plus vite, soit avec plusieurs balles. Dans ces cas là c'est souvent un peu le bordel, ce qui est très drôle, et cela demande aux participants d'être patient aussi et d'attendre le meilleur moment pour demander de l'attention de la part des uns des autres, excellent exercise de construction de groupes par le défi qu'il représente. Si vous aller jusque là il est très important de demander aux particpants, une fois le tour de plusieurs balles terminé, de parler de leur expérience et de ce qu'ils ont ressenti pendant l'exercise. Faire faire un exercise sans discuter ensuite de ce qu'ont en tirer revient à ne rien faire du tout. autre chose: toujours participer aux exercise qu'on organise. C'est le meilleur moyen qu'ils se déroulent comme vous voulez et il n'y a pas de hiérarchie entre la personne qui organise un tel exercise et les personnes qui le font pour la première fois.

Apprendre à se connaître:

Lorsqu'ils / elles arrivaient au MINGLE, avant de commencer les activités on demandait calmement, après avoir un peu papoté, à chaque personne présente d'écrire sur un papier un légume ou un fruit ou un plat (enfin un truc qui se mange quoi!) et de le plier avant de le mettre dans un saladier.
Une fois que les jeux de balles ont été terminés, on a demandé à chaque participant de piocher un papier. La consigne était de trouver la personne qui avait écrit qu'elle était, par exemple, une salade, et de se trouver au moins 5 points communs avec cette personne. A moins que la personne qu'on ai pioché nous ai pioché nous aussi, on doit parler et discuter avec au moins 2 personnes et se trouver des points communs avec ces deux personnes. Les participant spouvaient faire cela tout en mangeant de chips et buvant des sodas et on a les a laissé discuter pendant 45 minutes.

Ensuite on est revenu en cercle et chacun a présenté la personne qu'il.elle avait pioché ainsi que les 5 points communs qu'il/elle avait avec cette personne. Ce jeu montre à tous les participants qu'il est très facile de se trouver des points communs avec des gens qu'on ne connaît ni d'Eve ni d'Adam.

Ensuite apres encore quelques chips et sodas, la soirée a continué dans un bar pa sloin, mais augustas et moi n'avons pas suivi, occupés à ranger. Le prochain MINGLE aura lieu bientôt et je pense que ça sera une soirée vidéo.

lundi 20 avril 2009

Visite de la branche locale de SFQ à Linköping

Dans le cadre de mon projet, je dois collecter de bonnes pratiques de militantisme local. Il était aussi précisé que, afin de mieux connaître SFQ, j'irais visiter les branches locales de la fédération. C'est ainsi que je suis partie 3 jours à Linköping et Norrköping:
Linköping:

J'ai été accueilli par les membres du conseil d'administration de Regnbågen (Rainbows), l'association des étudiants LGBTQ de l'université de Linköping. Cette association est une des branches locales de SFQ. Je m'y suis fait de nouveaux amiEs: Lex, Emil, Yohan et Fiffo, du conseil d'administration de Regnbågen. Cette association inclus les personnes trans et queer.

En partenariat avec la pride de Norrköping, Regnbagen organisait le jeudi soir, un concert dans la cafétéria de la maison du syndicat étudiant de l'université de Linköping.

Yels ont obtenu de l'argent pour organiser ce concert en faisant une demande auprès de SFQ qui subventionne des évènements de ses branches locales, qui doivent pour cela déposer des projets. Je pense que c'est excellent que ce soit possible notamment parce que comme ça les activistes locaux apprennent à rédiger des projets et faire des demandes de subventions envers une organisation queer et qui veut les aider.
Yels ont utilisé cet argent pour payer la chanteuse et son hôtel, l'impression de dépliants et de sweat-shirts avec le logo de l'asso.

Ils ont obtenu le lieu par leur excellente collaboration avec le syndicat étudiant de la fac qui y voit son intérêt vu que pendant le concert la cafétéria était bondé de monde qui mangeaient et buvaient, l'argent de ces consommations allant droit dans la caisse du bar du syndicat.

Le concert était une action de visibilité, de socialisation et d'information.

  • Socialisation:
Regnbågen a invité une chanteuse lesbienne et féministe assez connue en Suède qui a chanté pendant une heure dans le pub du syndic étudiant. Les gens semblaient connaître par coeur les
paroles de ses chansons et il y a eu un monde fou qui est venu, certaines personnes partaient parce qu'yels ne pouvait pas s'asseoir, c'est vous dire. L'ambiance était festive, le concert était un succès.


  • Visibilité:
A l'entrée les membres de Regnbågen , touTEs vêtuEs de sweat shirt à l'effigie de l'association tenaient un stand d'information avec des dépliants d'information sur l'association. Au fond de la salle une banderole "Regnbågen" était accrochée au mur. La visibilité de l'association était très bonne. Sur le stand ont pouvait également adhérer, pour 2 euros, et/ou acheter des patchs pour vêtements avec le logo de leur asso.
L'idée était aussi de faire de la pub pour la Pride de Norrköping (Linköping et Norrköping sont villes jumelles et très proches géographiquement l'une de l'autre, environ 30 minutes avec le train régional) qui commençait le lendemain. Lier son évènement local avec un évènement de plus grande ampleur est toujours une bonne stratégie de visibilité.

  • Information:
En plus des membres de l'asso qui étaient présents au stand pour parler avec les gens et des dépliants de présentation expliquant clairement ce que LGBTQ veut dire, yels organisaient également un Quizz sur les trans, ce qui est un moyen très ludique et interactif de faire de l'information et d'animer un stand.
5 questions à choix multiples étaient affichées et on pouvait remplir un petit papier avec ses
réponses et son nom.

Voici le quizz (en bleu les bonnes réponses):

Trans Quizz

Qu'est-ce qu'une personne cisgenre ?
1. Une personne malade 2. Une personne qui ne se sent pas trans 3. Un robot

Quelle orientation sexuelle ont les personnes trans?
1. Homosexuelle 2. Hétérosexuelle 3. C'est différent pour chaque personne

Qu'est-ce que T signifie dans LGBTQ?
1. TranssexuelLE 2. TravelotE 3. Personne Trans - un terme qui couvre diverses identités

Le Transsexualisme est-il une orientation sexuelle?
1. Oui 2. Non, c'est considéré comme une maladie 3. Non, c'est une position politique

Que signifie TIG?
1. Transaction de l'Identité Générale 2. Trouble de l'Identité de Genre 3. Torsion Inter Galactique

(Je précise qu'il n'a pas été facile de traduire ce test du suédois vers l'anglais puis vers le français en prenant compte des contextes et discours militants qui sont différents en Suède et en France et que ce n'est qu'un exemple. Pour moi il s'agit de diffuser le concept, l'idée est que chaque asso fasse le sien, sur d'autres sujets également.)

A la fin du concert, Lex a sélectionné ceux qui avait tout juste et est monté sur la scène pour donner les réponses. 5 "gagnants" avaient été sélectionnés. Le premier a gagné un CD de la chanteuse, le deuxième un T shirt assorti au CD et les autres des patchs Regnbågen.

Plus sur Linköping:

Une ville très mignonne et très petite. Il semblerait que cette ville soit un repère de trans qui viennent faire leur transition ici à cause de l'équipement médical disponible sur place (opérations). Il n'y a pas d'asso spécifiquement trans pourtant. Lex voudrait démarrer un groupe de soutien trans et a commencé à se faire des contacts intéressants. Je lui souhaite beaucoup de réussite et je le soutiendrais et lui donnerait un coup de main. Et je reviendrais sans doute pour liquider des pisse-debout, c'est un bon contact, il sera sans doute motivé pour en recommander avec moi, car il m'en reste mais il faut avoir des perspectives d'expansion. Il faisait beau aujourd'hui quand nous avons visité la ville ensemble. J'ai mangé ma première glace de "l'été" suédois. Maintenant j'ai mal à la gorge comme si j'allais avoir une angine, alors je regrette un peu.

Norrköping

La Peking Pride est le premier évènement de fierté LGBTQ se tenant dans la ville de Norrköping. J'étais très heureuse de participer à cette première. Tout comme Linköping, Norrköping est une petite ville d'environ 130 000 habitants. (Pour vous donner un point de comparaison, Nîmes et Tours ont également 130 000 habitants).

La Pride est plutôt un festival se déroulant sur deux jours, et non pas une marche. Ca commence le vendredi soir avec notamment un discours d'ouverture de Ulrika Dahl, une militante Fem. Elle a fait un discours absolument génial, dans la rue devant le bâtiment où se tenaient les expos, super féministe et queer, plein de puissance et de radicalité. "We're queer, we're here, get the fuck used to it!" et "I'm not gay as "happy", I'm queer as fuck you!"

Le programme comprenait des performances de mimes, des lectures de textes politiques et érotiques, des concerts d'artistes queer, des expositions. Il y avait notamment une expo de photos de sexes féminins et comme la photographe était présente, des horaires et un espace avaient été aménagés pour que des volontairEs fassent prendre en photo leur sexe. Bien sûr j'étais volontaire. Allez visiter son site, ce qu'elle fait est tellement important pour la représentation positive et la visibilité du sexe féminin dans notre culture qui valorise la bite et invibilise les chattes. Il est aussi important de participer à ce type de projet afin de montrer la diversité des formes, couleurs, pilosité et je ne sais quoi encore que les chattes peuvent prendre.

La visibilité de Regnbågen pendant cet événement était très bonne. Sur le programme de festival le concert de Regnbågen qui avait eu lieu la veille était mentionné en premier. De plus nous avons pu accrocher la banderole de Regnbågen dans un des lieux ou se tenait le festival.

Entre parenthèse sur les banderoles:

Il y a plusieurs écoles. CertainEs peignent le tissu, d'autres cousent, d'autres collent les lettres avec de la glue.

Je vous donne ce que moi j'ai trouvé de mieux, que j'ai appris en bossant au MAG.
Au lieu de peindre ou de coudre les lettres ou encore de les coller sur le tissu procurez vous du papier adhésif Vénilia. On en trouve à Mr. Bricolage au rayon déco. Il en existe de toute les couleurs, c'est pour faire de la déco habituellement. Il y en a un qui est blanc plutôt lisse et brillant comme du véléda (tableau blanc comme dans les écoles). Ca coute 12 euros le rouleau.
Ensuite découper les lettres dedans. C'est super facile il y a des carreaux pour vous aider à couper droit et la bonne taille au verso du papier. Je vous conseille, pour un résultat plus propre,
de faire des patrons en imprimant les lettres dont vous avez besoin en grand sur votre ordi.
Ensuite collez-les pour faire passer votre message. Il passera bien clairement car le résultat est
bien visible, clair et propre et ça résiste à la pluie du 1er décembre.

Autre chose. Même si c'est un peu cher, investir dans du schotch Chatterton évite pas mal de soucis. Le gros schotch marron ça colle pas bien sur les mur en pierre alors on doit en mettre des masses et c'est moche! Le Chatterton marche sur tout, pour que votre banderole se tiennent fièrement n'importe où par vent et marées, à l'extérieur comme à l'intérieur.

Le samedi, le festival se tient toute la journée et le programme est plutôt chargé et très intéressant avec notamment une visite du musée d'art de Norrköping avec une perspective queer.

Regnbågen devait tenir un stand d'information toute la journée mais celui qui devait apporter les dépliants et le matériel l'avait oublié et l'organisation du festival ne leur avait pas réservé de table au final. Lex a donné une interview pour le journal local. Visibilité visibilité. (Lex est FTM).

Après avoir fait photographié mon sexe et mangé, j'ai assisté à une reprise queer de "Summer love" de Grease par un groupe de jeunes chanteurs et chanteuses qui avait inversé les paroles et l'expression de genre des performers. C'était fabuleux.

Quelques pisse-debouts vendus plus tard (note pour moi-même: préparer un stand de visibilité
pour les vendre et en parler), nous filons à un débat sur un livre écrit par une lesbienne sur les violences conjugales au sein des couples de même sexe. Un sujet dont on ne parle bien sûr jamais en France. Apparemment c'est plutôt nouveau aussi en Suède. Ce livre a été publié par une maison d'édition qui publie tous les livres queer en Suède : "Normal".

D'autres expos et lectures et débats avaient lieu mais évidemment je ne pouvait pas être partout, ni tout comprendre. Une soirée était organisée le soir mais je devais malheureusement
déjà dire au revoir à mes nouveaux amis et prendre mon train pour Stockholm avec plein d'idées
de projets en tête, beaucoup d'énergie et un grand sourire au lèvres, la Suède étant définitivement un pays que je commence à aimer de tout mon coeur.

J'ai vraiment hâte de visiter d'autres branches locales de SFQ, cette association est tout simplement géniale, je ne me suis jamais sentiE aussi bien dans une association. Début Mai j'irais visiter la branche locale de Skövde.










mardi 7 avril 2009


"_Imagine que le genre et l'orientation sexuelle n'aient pas d'importance...

_ Quoi? Mais comment je saurais si je suis normal alors? "

Flyer de SFQ, 2008

vendredi 13 mars 2009

2) Changer de point de vue : Qu'est-ce que Queer?

Introduction au mots Queer et Hétéronormativité

Une chose importante à savoir est que " QUEER " est un terme d'une nature très flexible, et que vous aurez autant de réponses différentes que de gens à qui vous demanderez de définir le terme. L'impossibilité à donner une explication fixe est la nature même du terme queer.

Mais pour donner une sorte de vue d'ensemble et d'introduction au terme, nous vous proposons ceci:

Queer renvoie à au moins 3 notions différentes et parallèles:

_ C'est une théorie académique (universitaire), étudiant les normes de la société, au lieu d'étudier les soi-disant déviants.

_ D'un point de vue militant, c'est une résistance aux catégories et identités figées.

_ ET, notez la contradiction, queer est, pour certains, une identité.

Brève Introduction Historique:

Queer est un mot qui a une histoire dans la langue anglaise. Initialement il voulait dire étrange, bizarre, etc et a été utilisé comme une insulte à travers les décennies. "Queer" a aussi été utilisé comme un synonyme de gay, parfois sans le signifiant de l'insulte, la plupart du temps avec, ce qu'on pourrait traduire par tapette, pédale, gouine et autre joyeusetés.

Le mot queer a été revendiqué au début des années 1990, quand Queer Nation commença à répandre des tracts dans New York, (The Queer Nation manifesto) encourageant tous les "queers" à se réapproprier le mot, reprendre le pouvoir sur leur vie, faire entendre leur voix, ne jamais accepter la discrimination, le mépris ou la victimisation. Ils visaient la société dans son ensemble, mais aussi le mouvement gay, avec ses termes limitant comme gay et lesbienne, sans aucune place pour les bis et les trans.

Parallèlement, en 1990, Judith Butler publie Trouble dans le Genre, le féminisme et la subversion de l'identité, ouvrage fondateur de la critique féministe et des théories queer. Cet ouvrage est disponible en français aux éditions La Découverte.

Depuis, queer a été introduit dans de nombreuses langues et est une discipline académique établie dans plusieurs pays.

Qu'est ce qui est différent avec une perspective queer?

Queer change le point de vue, de l'étude des "déviants" à l'étude de la "normalité", des normes en vigueur et pourquoi ces normes contrôlent notre vie. Pour donner un exemple, il n'est pas intéressant d'étudier les "homosexuels", ce qui est intéressant est d'étudier l'hétérosexualité
en tant que règle "naturelle" ou de droit divin. Faire de l'hétérosexualité et par dessus tout de l'hétéronomativité le problème auquel il faut s'atteler, voilà ce qui change avec la perspective queer.


Qu'est ce que ça change dans ta vie?

"We're here, we're queer, get used to it!"

"Nous sommes là, nous sommes queers, faites vous y!"


L'une des conséquence d'étudier de l'hétéronormativité au lieu des homosexuels "déviants" c'est que vous pouvez adopter des stratégies "in your face" (littéralement "dans ta gueule"), c'est à dire des méthodes politiques et postures individuelles (mais non moins politiques) qui choquent et qui montrent que vous n'en avez RIEN A FOUTRE de ce que les gens pensent. Ca veut dire que vous ne vous excusez pas de ne pas être hétérosexuel, et que vous n'essayez pas de vous ajuster ou de vous intégrer dans une perspective hétéronormative, même si on ne cesse de vous le demander. Queer signifie qu'il n'y a rien de déviant dans ce bas monde, ce sont les normes qui
produisent des catégories de personnes "déviantes", qui créent la déviance pas les gens qui désobéissent à ces structures inventées par on ne sait qui.


Faîtes du fait d'en avoir plus rien à foutre d'être trans, homo, bi, effeminé, masculine, moche, grosSE, bizarre, flippantE, impossible à genrer (ou a identifier comme homme ou femme) le premier objectif de votre vie!

Car votre survie, votre bonheur et la révolution en dépendent!

Voilà ce que le queer apporte concrètement à nos vies, une nouvelle force, un bouclier politique pour être nous mêmes, aussi bizarres et hors-normes que nous pouvons l'être et d'en avoir rien
à foutre de ce que les autres pensent.

Essayez, vous verrez. Essayez au moins d'avoir l'air d'en avoir rien à foutre pour commencer. Et ça finira par venir, vous n'en aurez plus rien à foutre pour de vrai. Et vous serez libres. Et vous pourrez donner la force et l'inspiration à d'autres de faire pareil. Et vous pourrez vous battre pour changer ce monde patriarcal, hétéronormatif et coercitif qui vous blesse chaque jour un peu plus et nie votre existence.

jeudi 12 mars 2009

1) Identifier l'ennemi : qu'est ce que l'hétéronormativité?

Qu'est-ce que l' Hétéronormativité?

Un nouvelle théorie? un mot barbare de plus à apprendre? C'est fou ce qu'il faut être intelligent et cultivé pour faire la révolution vous me direz.

L'hétéro-normativité a un nom compliqué parce qu'elle structure la société depuis toujours, et qu'elle paraît donc tellement "naturelle" à tout le monde qu'il n'y avait pas besoin de mot pour la désigner. C'est la "nature", "l'ordre naturel des choses".


Que tu le veuilles ou non l'hétéronormativité fait partie de ta vie sans que tu en sois toujours conscient. Elle sculpte ton corps et tes désirs, elle te dicte tes choix et distille tes angoisses, elle te punit chaque jour de ne pas être "normal".

Penses-y!

_ D’abord tu n'es pas encore de ce monde qu'on veux savoir si tu es un garçon ou une fille.

_ Puis tu grandis en essayant d'être viril ou féminine, c'est ce que tout le monde attend de toi.

_ Enfin on veut décider de qui tu va tomber amoureux et quelle forme cet amour devra prendre!



ET SI TU NE SUIS PAS LES REGLES?

Etre lesbienne, gay, bi, trans dans un monde hétérosexiste, ça veut dire quoi?

_ Ta vie privée sera considérée comme « trop privée » pour être un sujet de conversation pendant que les hétéros pourront parler de leur week-end ou du nouveau job de leur femme/mari.

_ Tu risques de subir des discriminations homo-, bi- ou transphobe.

_ Ta vie ne sera pas représentée dans les médias, à la télé, ou dans les livres.

_ On te prendra parfois pour un malade.

_ Tu ne pourras pas te marier avec la personne que tu aimes.

_ Tu risques de subir menaces et violences.

Ca te rappelle quelque chose?

Ces exemples peuvent te sembler peu de choses isolés mais ils reflètent des structures discriminantes dont l’homophobie se nourrit.

Bon mais revenons au mot Hétéronormativité afin de s'apercevoir qu'il n'est pas si compliqué. Et si on le coupait en deux ça donnerait quoi?" hétéro" et "normativité". Tiens le premier on ne le connaît que trop. Mais c'est quoi la normativité?

Normativité:

Beaucoup de normes sont utiles en société: certaines disent que nous devons êtres polis les uns avec les autres, ou bien faire la queue pour attendre notre tour.
Mais d’autres normes nourrissent les inégalités et t‘empêchent d‘être toi-même, comme celles qui décrètent que tu ne dois tomber amoureux que du « sexe opposé » ou qu’il vaut mieux être chrétien que musulman.

Ces normes sont difficilement visibles. Mais si on apprend à les identifier, on peut aussi les changer!

Apprendre à reconnaître les normes, ce qui est vu comme " normal " ou " anormal " dans notre société, c’est une façon de créer une société plus égalitaire.



Et alors du coup c'est quoi l’hétéronormativité?

L’hétéronormativité suppose que:
  • tout le monde est hétérosexuel,
  • qu’il y a deux sexes « opposés »
  • qui s’attirent et se complètent,
  • et que l’hétérosexualité est la seule façon normale et désirable de vivre sa vie.
L’hétéronormativité suppose aussi:
  • qu’il n’y a que 2 genres, homme et femme,
  • que les hommes sont virils, que les femmes sont féminines.

Or cette idée se transforme en norme, c’est-à-dire une règle qui empêchent beaucoup d’entre nous (homos, bi, trans, hétéros) d’être eux-mêmes.

Certains d’entre nous ne veulent pas suivre ces règles inutiles, d’autres ne le peuvent tout simplement pas.

Quelque soit ton cas, tu es, à mes yeux, révolutionnaire. L'hétéronorme est ton ennemi. Maintenant que tu connais son nom, tu vas l'abattre et tu vas changer le monde.

jeudi 26 février 2009

Solidarité avec les pays de la Mer Baltique

Les plus proches voisins des Suédois sont d'abord les pays Nordiques (Norvège, Iles Féroé, Islande, Danemark, Finlande et parfois le Groenland), ensuite les pays de la Mer Baltique (Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne). La situation des personnes homos, bis et trans dans les pays de la région Baltique est extrêmement difficile. L'environnement social ainsi que le gouvernement y sont très hostiles à tout comportement en dehors de la norme hétérosexuelle et procréatrice.

C'est avec l'objectif de lutter contre cette situation qu'a été créé le Réseau Pol-Balt. Le Réseau Pol-Balt est un réseau militant suédois créé afin de coordonner les efforts des militants LGBTQ suédois désireux de mener des actions de solidarité vers les pays Baltes et la Pologne.
Cela implique: une mailing-liste, la participation à des degrés variés aux marches des fiertés (gay prides) dans ces pays, s'informer les uns les autres et coordonner des évènements sur les thématiques LGBTQ dans ces pays, construire des projets LGBTQ dans ces pays ou vers ces pays.
Le coordinateur de ce réseau est l'organisation RFSL (Association nationale suédoise pour les droits des personnes homosexuelles, bisexuelles et transgenres), en particulier son comité international. Le rôle de l'organisation coordinatrice est d'organiser les réunions du Réseau (dans ses locaux d'ailleurs) et si possible de porter les projets du Réseau, étant donné que celui-ci n'a ni ressource ni statut officiel propre.

La mailing liste du Réseau Pol-Balt est en suédois et il est pertinent de s'attarder sur ce fait. La question de la langue détermine le sens des relations de travail du réseau. En effet ici c'est clairement des militants suédois travaillant et coordonnant leurs efforts pour aider les organisations et militants baltes et polonais, et donc plus largement la population LGBT de cette région. Cette relation est très différente par exemple de l'organisation ANSO dont je vous ai parlé précédemment (Association des organisations nordiques LGBTQ étudiantes, nordique ici incluant les pays nordique mais également la Pologne et les pays Baltes). ANSO est une organisation transnationale basée sur la coopération entre les pays nordiques et baltes dans les deux sens et la présidente d'ANSO, Monika est d'ailleurs polonaise.

Cependant le fait que le Réseau Pol-Balt fonctionne dans ce sens n'est pas forcément une mauvaise chose (c'est juste différent!). En effet le Réseau peut faire beaucoup pour la situation des personnes LGBTQ en région baltique en travaillant à une échelle suédoise. Par exemple il peut organiser des manifestations de protestation devant les ambassades de ces pays en Suède et influencer les politiciens suédois, en particulier ceux qui ceux qui sont susceptibles d'être impliqués dans les affaires étrangères suédoises et qui font des visites officielles ou des réunions internationales dans les pays de cette région. Nous savons de façon certaine que lorsqu'il y a une ou des personnes venant de Suède dans une manifestation pour les droits des personnes LGBT dans ces pays, cela ajoute de la valeur à la manifestation. Cela peut améliorer la sécurité des manifestants également, en particulier si les suédois présents sont des officiels ou des hétéros (les deux c'est encore mieux). Ce raisonnement peut paraître très paternaliste mais il ne s'agit que d'observer les faits, reconnaître cette réalité permet d'agir avec les stratégies les plus efficaces, même s'il est triste que les gens (c'est des militants anti-gays que je vous parle là) réagissent comme cela. Mais la vérité c'est que les cathos et les fachos hésitent parfois à jeter des pierres sur les officiels suédois lors de ces manifs, notamment parce que ça pourrait faire du mal aux relations entre leur pays et la Suède, qui peut être très importante pour le pays en question, d'un point de vue financier, économique, culturel ou politique.

Cependant soit dit en passant qu'il est également crucial qu'il n'y ai pas que des suédois ou autres étrangers dans ces manifestations. Cela confirmerait l'idée communément admise dans beaucoup de sociétés très hostile aux personnes LGBT que l'homosexualité n'existe pas vraiment dans leur pays, qu'elle est une perversion amenée par les étrangers, ce qui est une façon au mieux de se débarasser du problème et de continuer à l'invisibiliser, au pire de développer des arguments xénophobes et fascistes. La philisophie du Réseau est donc de réellement laisser les groupes LGBT baltes créer leurs évènements de visibilité et cela doit être clair que quelque soit l'aide qu'ils peuvent obtenir des suédois (organisationnelle, logistique, financière ou simplement envoyer des militants grossir les rangs), ils en sont la source.

_ Les perspectives du Réseau Pol-Balt:

Il est bon de souligner qu'il ne s'est pas passé grand chose sur la liste l'an dernier. Cependant la nouvelle responsable du comité international de RFSL semble déterminée à remotiver la participation de RFSL dans le réseau, et donc à remotiver le réseau en lui-même. Il s'agit également pour le comité international de RFSL de se reconcentrer sur la région baltique et l'Europe de l'Est en général.

En outre un débat agite le Réseau ces derniers mois sur la possibilité d'élargir le réseau. Il semble que 3 directions peuvent être tracées pour l'avenir du Réseau sur ce point.
1) Le Réseau peut rester ce qu'il est en termes de pays inclus tout se réunissant plus souvent et en se concentrant sur les pays qu'il inclus déjà (Pologne, Estonie, Lettonie, Lithuanie).
2) Le Réseau pourrait également commencer à travailler avec d'autres pays comme la Biélorussie (la dernière dictature d'Europe, pays souvent inclus dans les projets baltiques des ONG même si elle n'est pas au bord de la mer Baltique) et la ville de St Pétersbourg en Russie (qui n'est pas à proprement parler un pays mais qui est bien sur la mer baltique) et voir comment ça se passe.
3) Enfin le réseau pourrait tout à fait décider d'inclure ces deux nouveaux venus à part entière et leurs organisations.

_ Baltic Pride:

Du 15 au 17 mai 2009 se tiendra la Baltic Pride à Riga, en Lettonie. A partir de cette année les organisations LGBT des 3 pays baltes (Estonie, Lithuanie, Lettonie) ont décidé d'organiser une Pride conjointe qui se tiendra chaque année dans l'un des 3 pays. Cette année c'est donc Riga. Plus d'infos (en anglais) ici.

J'y serais. Si vous en avez marre de vous trémousser à Paris sur du David Guetta, que vous ne voyez plus ce que tout ça peut bien avoir de politique et revendicatif, je vous conseille fortement de venir soutenir une marche des fiertés dans un pays de l'Europe de l'Est où la situation est absolument déplorable et une nouvelle vague néo-fascisme ne vient pas arranger les choses. Je vous donnerai le calendrier des gay prides de Pologne, Moldavie et autres charmants pays très bientôt. Si la solidarité LGBTQ internationale vous importe je vous recommande cette expérience au moins une fois dans votre vie de militant(e).

lundi 23 février 2009

Queer Politburo

Rien ne devrait sembler plus bizzare aux queer frenchies qui passent leurs soirées sur des trottoirs parisiens, vivent dans des squats et se font jeter des assos LGBT que ce qui se passe ici à Stockholm.

Je suis une militante queer. Pour moi être militante a longtemps signifié courir partout le Blackberry vissé à l'oreille, serrer des centaines de mains, tenir des stands pendant des heures suant dans mon T-shirt rouge et me retrouver devant des dizaines d'yeux qui voyait une personne queer pour la première fois de leur vie.
Ici c'est mon JOB! Avec tout le package. Le matin je me lève dans ma banlieue blanche et forestière, je chausse mes rangos, lisse ma crète, boutonne ma chemise à carreaux. Je glisse mon PC portable dans mon sac à dos ainsi qu'une pomme, mon agenda et une dosette de lub qui traine par là. Et hop c'est parti environ 1 heure de métro pour rejoindre mon bureau de ma banlieue lointaine. Temps mis à profit pour la lecture de The Ethical Slut. J'arrive au bureau, ici tout le monde est "comme moi". Ma boss a un piercing à la lèvre, la trésorière est butch. Pour régler les pieds de mon bureau il faut les visser, je vous passe les blagues parce que "visser" se dit "screw" en anglais, comme "baiser". Merci à Augustas, mon collègue et coloc pédé d'avoir baisé mon bureau (nan je ne fais toujours rien par moi même).

Je sors mon ordi et le pose au milieu de mon bureau. Je vais me faire un thé dans l'immense cuisine du bureau. Ici il y a deux toilettes dont les murs sont couverts de serviettes bleues. L'une d'elle est accrochée en dessous d'une étiquette "Alice". Je peux prendre une douche ici, et même faire ma lessive pendant que je bosse(très très pratique). Sur le mur derrière le bureau de ma boss il y a l'affiche de la dernière Existrans et une photo de moi à cette manif. Au dessus du bureau de Monika, il y a écrit Male Female Fuck You! Le vendredi soir avant de sortir on boit de la vodka comfortablement installés dans les sofas de la grande salle de conférence. Je me suis souvent demandé ce que c'était "d'aller au bureau". Je n'avais pas idée que cela pouvais être aussi safe.

Mais je vous vois venir. Tout ce comfort, ce pays si tolérant, tout cet argent... Est-ce nécessaire? est-ce que cela ne nous ramollis pas? ne nous coupe pas de la réalité?
SFQ l'asso dans laquelle je bosse est une association nationale d'étudiants LGBTQ. Vous remarquerez que c'est le Q qui apparait dans le sigle. SFQ est une association Queer et féministe et ne perd jamais ses objectifs de vue.
Un pays tolérant c'est quoi en fait? Environ une fois par mois des gens non identifiés déposent des merdes de chien et les étale sur les fenêtres du bureau. C'est juste un bureau, il n'y a pas de rainbow flag à l'extérieur du bâtiment, c'est juste un bureau. Mais des gens mal intentionnés savent ce qui se passe ici. Lorsque je suis passée cet été à Stockholm, le jour de l'Europride, après la marche on était touTEs crevés et on s'est posé dans la salle de conférence du bureau pour se détendre. Deux hommes sont venus nous traiter de sales gouines en suédois par la fenêtre. Le jour même de la Pride! Ce matin ma boss a reçu un texto homophobe et menaçant d'un numéro non identifiable sur son portable professionnel. Il s'en passe d'autres dont je ne suis pas au courant.

Et ça nous mets en colère. A certains ça leur fait peur et la sécurité au bureau est constamment renforcée. Parce qu'il y a eu des vols aussi. Mais on ne sait pas si ces vols ont un rapport avec l'objectif de l'asso. Aucun moyen de le savoir.

Tout n'est pas tout rose en Suède et même dans un pays comme celui ci qui vient d'inscrire la transphobie dans sa législation anti discrimination, et qui va sans doute passer le mariage gay en juin (alors que c'est la droite qui gouverne en ce moment), il y a encore de quoi se battre et de quoi avoir peur.

Et ça me rassure.

lundi 26 janvier 2009

Communauté de Volontaires

De ma bonne vieille éducation aristocratique j'ai retenu ceci: il faut connaître les bonnes personnes pour arriver à ses fins. De ma position de minorité j'ai intégré ceci: l'union communautaire fait la force. En outre, je suis, sans arrière-pensées, quelqu'un de très sociable, surtout depuis que je rencontre enfin sur mon chemin des personnes qui ne me jugent pas et qui me prennent comme je suis.

Tout ça pour dire qu'en devenant gouine je suis entrée dans une communauté. Et bien c'est pareil en devenant volontaire européen.

Première étape: le séminaire de préparation au départ. C'est la première fois que le SVE devient une expérience collective dans mon esprit. Pour l'instant il n'y avait que moi, mon projet, mon envie de partir, mes amiEs suédoisES, c'était mon histoire. D'ailleurs j'étais bien la seule à avoir ce type de projet dans mon entourage (bon maintenant ils sont bien au courant).

Chaque année il y a 500 jeunes françaisES qui partent en Service Volontaire Européen! Je suis dans ces 500. A Grenoble, pour le séminaire de préparation au départ organisé par Calliope, nous étions 18. TouTEs avec un parcours et des personnalités différentes. TouTEs françaisES mais touTEs partant dans des pays très différents pour des projets très variés. Et quelque chose s'est passé. Une dynamique de groupe s'est créée. En 4 jours (c'est le séminaire le plus court auquel j'ai jamais participé), nous avons lié connaissance et nous sommes devenus un groupe à part entière. Et nous sommes devenus des volontaires européens touTEs ensembles, au même moment, en liant connaissance. Ca c'est de l'expérience collective!
Je me sens très à l'aise dans cette communauté de volontaire, je suis fière d'en faire partie.

Pour faire partie de cette communauté, que vous soyez volontaire, ancien volontaire ou intéresséE par le SVE :

_ SVE Connexion, réseau pour les françaisES.
_ également un groupe mondial de volontaires sur Facebook
_ des réseaux inter-régionaux d'anciens volontaires en France, dont un pour l'Ile de France.

à vos réseaux!

samedi 10 janvier 2009

J'ai déjà le mal du pays

Quand on y pense c'est une chose bien curieuse de quitter son pays pour aller vivre ailleurs. Bien différente du fait de voyager. Il y a bien longtemps cependant que je sais que ça va arriver. Quand j'étais ado j'ai failli aller étudier en Suisse. A l'époque où j'étudiais pour préparer le concours de Sciences Po et que je commençais, vu mes chances d'y rentrer selon mes professeurs, à m'imaginer en science-piste, je me demandais déjà où j'irais passer ma 3ème année. New York? Londres? Pékin? Alors que je ne faisais rien de ma vie à part bosser à Quick histoire de payer mon loyer et les substances chimiques qui maintenaient ma femme de l'époque en vie, j'ai failli partir étudier à San Francisco aussi. Tout ça pour en venir au fait que je me suis déjà maintes fois imaginé la chose, et je croyais que je m'étais faite à l'idée, que je me faisais une idée de ce que c'était. Je regardais en avant. Je ne pensais pas que je regarderais en arrière à un moment donné.

Et voilà dude, that's it! Je m'en vais, je prépare mon départ. Et je ne regarde pas encore en arrière, je regarde le présent. Je ne vous le cache pas l'attente fut pénible. Du 1er novembre au 16 décembre, (le jour de ma fête d'ailleurs!), j'ai attendu croisant les doigts pour un YES! Le plus dur c'était de commencer à dire au revoir à toutes ces multiples choses qui font ma vie aujourd'hui. Le plus dur aurait été d'avoir un NON alors que je disais déjà au revoir.

Dire au revoir. Voilà qui est une expérience incroyablement agréable ces jours ci. Quelle ironie du sort que je parte maintenant, alors que tout dans ma vie ici me fait l'adorer passionnément. J'aime ma vie en France.

J'aime mes amiEs, j'aime mon père, j'aime mes colocataires, j'aime le fromage et les butchs qui m'embrasse après une tartine de camembert et une lampée de bière. J'aime fumer des roulées assise sur les trottoirs de Paris. J'aime fumer. J'aime manger du foie gras dans un appart de 100 m2 dans le 16ème tout en ayant pas un sou sur mon compte en banque. J'aime mes amants qui me prennent comme je suis. J'aime mes amiEs si uniques. J'aime tous ces gens aimants qui m'entourent. J'aime regarder le Sacré-coeur d'une fenêtre écoutantdistraitement ceux-ci débattant pour savoir si 2009 sera l'année de la teuf ou de la meuf? J'aime fist-fucker une dinde pour la farcir pendant qu'une trannybutch lui tient les pattes écartée. J'aime voyager dans les catacombes dont les alcôves sont propices aux grandes déclarations. J'aime le français, comment il sonne quand je dis je t'aime. Sûrement pour cette raison je recommence à le dire 3 à 7 fois par semaine.

Je me retrouve, moi l'activiste queer qui crie dans la rue avec rage que "son identité n'est pas nationale", à faire, en ce moment, des choses terriblement françaises avec une pointe, un avant gout de nostalgie. Comme manger du fromage, je veux dire toute sortes de fromages, me balader dans Paris et faire des piques niques urbains (pain+fromage+chocolat) devant les monuments que les touristes prennent d'assault. Le foie gras, les frites de Fatima, les croissants à Montpellier. Les huitres en Bretagne, les langoustines. Tout ce qui sonne français sur mon palais y passe avec une saveur en plus, indescriptible d'émotion.

Je suis aussi particulièrement "esprit de famille" en ce moment. Famille choisie à l'honneur bien sûr, avec des fêtes particulièrement inoubliables. Très traditionnelles en un sens (dinde et patates douces à Noël, soirée calme et un peu loose pour le nouvel an) et en même temps terriblement queer (pas de détails mais je mentionnerai bien une sex party dans un sauna avec une célèbre écrivaine américaine et une actrice porno déguisée en sapin de Noël dans le lot).
Mais même ma famille biologique y passe. Bon, pas tout le monde, ok. Surtout avec mon père avec qui je passe pas mal de temps en ce moment. Et c'est extrêmement agréable de me retrouver avec lui. Je l'aime tant. Oui je n'habite plus chez mon père depuis 2 ans maintenant (arf seulement deux ans???) mais ne plus le voir du tout, ça va être quelque chose!

Se préparer à partir c'est quelque chose! Je regarde le présent. Tout ce qui va continuer sans moi. Tout ce qui s'arrête avec moi. Pas grand chose en fait et ça me rassure.

Je crois que ce processus ne va pas s'arrêter. Je crois qu'une fois en Suède je vais commencer à regarder en arrière, me pencher sur cette année qui a changé tant de choses. Sur tout ce qui fait que maintenant je suis à Stockholm. Et ça me fera un bien fou, de regarder en arrière, de loin j'aurais plus de recul, plus d'espace pour penser. Voilà exactement ce que les voyages font, ils élargissent notre espace à penser. Le fait de partir un an ne fait qu'augmenter cet effet. Ce qui faisait dire à Descartes "Les voyages forment la jeunesse". Je pars pour élargir ma pensée, ma vie, mon influence sur ce monde qui doit changer encore, avec moi comme acteur du processus. Et un en sens je pars parce que je veux que tout ce que j'aime dans ma vie d'aujourd'hui soit toujours aussi précieux à mon coeur qu'il l'est à ce jour alors que je lui dis au revoir.

I would like to hug Paris if I could!

jeudi 8 janvier 2009

ProjectS

Ci-dessous le projet déposé auprès de l'Agence National du programme Jeunesse en Action suédoise le 1er novembre 2008 et approuvé 6 semaines plus tard, péniblement traduit en français par moi-même.

Titre du Projet: Elargissement de compétences - l'activisme LGBTQ suédois rencontre des expériences européennes.

Service Volontaire Européen de groupe: 2 volontaires.

1. Elargissement de compétences

Ce projet est le point de contact de très intéressantes compétences, sur un plan personnel, organisationnel et de savoir.
SFQ est une association unique, et à ce jour nous ne connaissons aucune autre association en Suède ou ailleurs qui s'adresse aux mêmes sujets avec les mêmes méthodes. SFQ travaille politiquement et stratégiquement dans le but de changer l'Education Supérieure, d'alerter sur les problèmes que posent une société et une académie hétéronormative; comment cela influence les étudiants, la recherche, autant que cela compromets la qualité de l'enseignement dispensé.

Le/a volontaire françaisE possède des compétences uniques pour avoir été présidente d'une association étudiante et jeunesse LGBT parisienne. Lorsqu'elle/il était à la tête de cette organisation, elle/il s'est assuré d'inclure les problématiques trans dans l'agenda et s'est également arrangéE pour atteindre le ministère de l'Enseignement supérieur en vue d'une campagne auprès des étudiants français.

Le volontaire lithuanien est impliqué à l'IGLYO (International Gay Lesbian Bisexual Trans Queer Youth&Student Organisation), travaillant au plaidoyer LGBTQ sur un plan européen et international, avec des compétences particulières dans l'organisation et la stratégie. Il a également l'expérience d'un environnement très hostile aux personnes LGBTQ et de comment mener des projets militants dans ces circonstances.

La combinaison de ces compétences peut résulter en de très intéressantes nouvelles compétences et progressions de chaque côté; nous pouvons tirer les uns des autres du savoir-faire et différents angles d'attaque sur comment travailler stratégiquement à l'échelle locale, nationale et internationale.

2. Créer une solidarité internationale LGBTQ

Le projet combine des expériences de 3 pays très différents dans lesquels la situation pour les personnes LGBTQ et les approches du travail militant LGBTQ varient énormément. La Lithuanie est connue pour être l'un des environnements les plus hostiles de l'Union Européenne en ce qui concerne les problématiques LGBTQ, où le fait de ne pas être hétérosexuel est toujours perçu comme déviant et contre les règles par la plus grande partie de la société. Les droits de l'homme et les directives de l'Union Européenne sont souvent ignorés ou négligés par les membres du gouvernement en ce qui concerne l'orientation sexuelle tout comme l'identité ou l'expression de genre. Alors que la Suède est considérée comme l'un des pays les plus progressiste avec une union civile pour les couples de même sexe et la première législation sur les thérapies de réassignement de sexe en 1972, il reste beaucoup à faire pour assurer l'égalité des chances pour tous. Les discriminations y sont toujours d'actualité, ainsi que les crimes de haine.

La situation est très différente également en ce qui concerne les systèmes d'éducation supérieure et la place des problématiques LGBTQ à l'intérieur de ceux ci. Pourtant nous croyons que ce projet aidera à voir l'activisme LGBTQ à partir de différents angles, que cela enrichira la perception de cet activisme et servira d'échanges de bonnes pratiques et d'outil de construction (pour d'autres projets).

La participation active des volontaires dans les activités quotidiennes de SFQ permettra de montrer à quel point être LGBTQ est différent selon les régions d'Europe. Cela encouragera le démarrage de nouveaux projets internationaux et la recherche de moyen pour briser les frontières à travers une bonne coopération internationale. Il est également prévu d'impliquer des étudiants étrangers dans les activités, ce qui contribuera à la diversité des expériences et des approches nationales.

De plus les deux volontaires se sont tous deux grandement engagés dans le militantisme international et ont la volonté de continuer ce travail pendant leur volontariat. Cela permettra à SFQ de participer à plus de collaborations internationales et d'impliquer activement plus de jeunes, de façon à créer une prise de conscience à l'intérieur des communautés.

Le/la volontaire françaisE s'est récemment misE au militantisme international et y a introduit l'organisation parisienne, tout comme elle/il a s'est intéresséE à ce qui ce passe au niveau européen, notamment dans des associations comme ANSO et l'IGLYO. Il/elle a en outre des compétences spéciales sur les problématiques trans, sur lesquels l'accent doit être mis, étant donné que beaucoup manquent d'information sur le sujet, au niveau national, et particulièrement sur la situation pour les personnes trans dans d'autres pays.

Le volontaire lithuanien a plusieurs années d'expérience internationale, et comme cela fut mentionné plus haut, est impliqué à l'IGLYO. Il a participé à plusieurs séminaires jeunesse et événements nordiques et baltiques et les deux volontaires s'intéressent particulièrement à la solidarité transnationale, en particulier dans le militantisme LGBTQ.

SFQ espère mettre en contact les deux volontaires avec la volontaire norvégienne, tout comme les deux projets, puisqu'ils touchent tous deux l'activisme nordique et baltique, et peuvent ainsi bénéficier les uns des autres. SFQ aimerait également mettre en relation les volontaires avec les branches locales de SFQ, proposer la discussion à ce niveau également. SFQ et les deux volontaires partage l'avis qu'il est bénéfique pour les volontaires et les militants locaux de faire se rencontrer et échanger des expériences. Enfin, l'objectif de SFQ est d'approfondir au niveau local l'appréhension des condition des personnes LGBTQ sur le plan international.

3. Développement personnel des volontaires


Une part importante du projet est dessinée pour être bénéfique pour les volontaires, qui gagneront beaucoup de savoir-faire dans le domaine organisationnel, et un espace pour se développer en tant que militants jeunesse ainsi qu'à un niveau plus personnel. Lesvolontaires seront encouragés à initier de nouveaux projets en rapport avec leur expérience, savoirs et centres d'intérêts. SFQ a eu des projets réussis lors de l'année qui vient de s'écouler lors desquels les volontaires ont contribué grandement au travail de SFQ et nous avons pu observer un large développement personnel. Nous avons également vu les volontaires proposer des idées, les mener à bien et comment leur estime d'eux mêmes augmente dans ce processus. Nous désirons que les volontaires trouve des défis personnels et les soutenir dans leur apprentissage, qu'ils élargissent leurs domaines d'intérêt et d'expertise. Nous pensons que prendre part au travail quotidien de SFQ sera bénéfique en soi étant donné que cela consiste en une variété d'activités et que les volontaires sont encouragés à participer à toutes ces activités. Cela consiste à assister aux conférences de SFQ partout en Suède sur les thèmes LGBTQ et l'hétéronormativité dans l'enseignement supérieur, participer à des manifestations, visiter les conférences, congrès d'associations partenaires, assister à une réunion avec des partenaires (cela peut être SFS, the Ombudsmen, RFSL Ungdom ou ANSO), réunions du personnel, visites aux branches locales de SFQ, aider aux arrangements du Pride Festival pour SFQ (séminaires, parade, tente d'exposition dans Pride Park).

La/ le volontaire françaisE aimerait utiliser différentes méthodes militantes, notamment les arts et le multimédia, et travailler sur les problématiques trans à SFQ et dans ses branches locales. IL/elle a aussi proposé d'organiser la première marche trans (Existrans) suédoise en 2009. Il/Elle a également exprimé l'espoir de trouver un espace safe à SFQ étant donné que ni la société ni toutes les organisations "LGBTQ" travaillent avec ou prennent bien en main les problématiques trans.

Le volontaire lithuanien a quant à lui exprimé le désir d'en apprendre plus sur les problématiques trans et le genre, tout comme apprendre à connaître l'activisme local et comment cela peut servir d'inspiration pour d'autres réalités; ainsi qu'une meilleure connaissance de comment le militantisme LGBTQ se combine avec l'éducation et un environnement étudiant. Il voudrait également intensifier la coopération entre la Scandinavie et les pays baltes.


4. Développement d'activités pour les étudiants LGBTQ étrangers.

Lorsqu'a été discuté avec les volontaires ce qui pourrait les intéresser comme contribution pendant la durée du projet, le sujet des étudiants étrangers en Suède fut évoqué. SFQ n'a aujourd'hui aucune activité ou matériaux ciblant les étudiants internationaux en Suède et les deux volontaires ont exprimé le désir de contribuer à ce travail. Les volontaires, en adéquation avec leur capacités et avec le soutien du personnel de SFQ, construiront les structures qui créeront un espace safe où les étudiants LGBTQ étrangers pourront se rencontrer, certains venant de parties du monde où l'homosexualité est encore criminalisée. L'expérience des volontaires qui viennent de différentes régions d'Europe sera précieuse pour une telle tâche. Cela peut induire l'organisation de séminaires, de groupes de discussion, de groupes d'études, de débats sur la législation de différentes parties du monde, de partage d'expérience sur le travail de plaidoyer et de lobbying.

Cela permettra non seulement aux étudiants étrangers de se sentir mieux dans un environnement nouveau, de construire des réseaux et de développer des amitiés, mais également de leur donner le pouvoir de participer plus activement dans la vie quotidienne, utiliser de nouvelles possibilités et enrichir les communautés locales. Il est prévu de combiner les activités pour les étudiants étrangers LGBTQ avec des activités déjà existantes ou récemment développées à l'intérieur des branches locales de SFQ partout en Suède. Comme les deux volontaires ont une expérience passée dans l'organisation de différents évènements informels ou plus formels dans leur pays d'origine et internationalement et sont intéressés pour continuer ce travail, opérant un changement positif et développant plus en profondeur leur propres capacités, cela pourrait être une expérience très utile et importante pour les volontaires, SFQ et leur groupe cible.

5. Sensibiliser

Pour l'année 2009, SFQ se concentrera sur les campagnes de sensibilisation, un travail qui vise plusieurs niveaux de la société, local, régional et national. Il s'agira de mettre l'accent sur la visibilité des étudiants LGBTQ, sur les problématiques trans dans l'enseignement supérieur et sur la qualité dans l'enseignement supérieur. Les volontaires ont différents talents pour contribuer à cette tâche, avec de l'expérience sur les sujets trans, sur les campagnes nationales, sur le travail de plaidoyer local et sur l'interaction avec les populations ciblées. Il est prévu d'utiliser des outils variés pour atteindre les jeunes à travers différentes méthodes d'éducation informelle, d'apprentissage expérimental et de campagne sociale. Une idée exprimée par les volontaires est d'utiliser des outils multimédia et d'encourager les membres à partager leurs expériences, avec par exemple un concours concernant les limitations des normes du genre dans la vie des membres. Comme cette campagne vise à donner aux jeunes du pouvoir, à alerter les consciences sur les sujets en rapport avec les personnes LGBTQ et l'enseignement supérieur et à engager un changement social, les connaissances et les expériences des volontaires représenteront un grand apport qui permettra à cette campagne d'être un vrai succès.

Un des espaces utilisé pour faire campagne sont les évènements de fiertés locaux et nationaux (gay prides). Les volontaires pourraient assister et aider à organiser différentes activités éducatives et informatives lors de ces évènements qui sont dans beaucoup de cas de très importantes et puissantes sources d'informations sur et pour les communautés LGBTQ. Ces activités pourraient être incluses dans la Stockholm Pride, l'IDAHo (International Day Against Homophobia), le TDoR (Transgender Day of Remembrance) ainsi que dans d'autres évènements tels que le Bok-och Biblioteksmässan ou le Politikerveckan i Almedalen.

6. Collecte des meilleures pratiques

Les volontaires ont exprimé un intérêt dans la collecte et le partage des bonnes pratiques et exemples de stratégies pour l'activisme local et le travail de plaidoyer, ainsi que pour les séminaires et formations. SFQ pense qu'un tel travail serait très enrichissant pour les volontaires et l'association, et qu'il pourrait être mené aussi bien indépendamment qu'en collaboration avec l'association. Cela peut être réalisé dans des contextes variés, amenant des expériences passées de France et de Lituanie, mais aussi avec des apports d'autres partenaires internationaux ou de découvertes dans les branches locales pendant la durée du projet. Cela servirait de guide pour les militants et faciliterait l'activisme local ainsi que la coopération entre des associations différentes. Les profils différents des volontaires ajoutent à la largeur du guide, puisque leur expérience incluent problématiques trans/ activisme urbain/ diriger une association jeunesse d'un côté, et expertise internationale/ activisme en environnement hostile/ expérience d'organisation à un niveau national de l'autre.

Cela combinerait des outils d'éducation informelle, de plaidoyer et lobbying, soutenant des actions pour la diversité et contre l'hétéronormativité et la discrimination. Le guide se penchera sur comment combiner différentes approches et méthodes dans différents contextes, comment les adapter aux réalités locales les plus variées afin d'obtenir les meilleurs résultats. Les volontaires apprendront également tout en partageant leurs connaissances entre eux et avec d'autres impliqués. Le processus et le résultat de cette collecte de bonnes pratiques militantes sera de grande valeur pour les volontaires, SFQ et les autres parties impliquées tout en servant d'outil de diffusion puissant.

La collecte de meilleures pratiques pourrait inclure des résultats de recherche sur les conditions des personnes LGBTQ ou sur l'hétéronormativité, , des stratégies sur comment travailler avec les problématiques trans ( avec différentes formes selon le groupe ciblé , les organisations LGBTQ ou les autres), et rendre visible des sources qui pourraient être utiles aux militants LGBTQ, SFQ, ou des organisations partenaires.